< Cette page propose un petit portrait des cyclistes qui ont construit la légende du cyclisme et contribué à faire naître en chacun de nous la passion pour ce sport !>

Nota : la plupart des vélos restaurés présentés sur cette page sont à mettre au crédit d'Emile Arbes.


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Une des premières courses "de fond" en vélocipède est sans doute le Paris-Rouen couru les 7 et 8 novembre 1869. La plupart des vélocipèdes (d'une trentaine de kilos en moyenne), dérivait du modèle du Grand-bi, avec des roues en bois et une transmission directe sur la roue motrice avant. Toutefois, le vainqueur, l'Anglais James Moore, disposait déjà, sur le sien, d'une roue libre. On lira ici, le récit de cette course.

C'est à la même période, en 1868, que le Centralien, Charles Desnos, inventa la transmission moderne qui reste, aujourd'hui, globalement conservée dans son principe.

A part sans doute quelques grandes classiques telles que Lièges-Bastogne-Liège, Paris-Tours, Paris-Bordeaux ou Paris Roubaix qui ne sont d'ailleurs nées qu'une poignée d'années avant, l'histoire du cyclisme sur route débute réellement en 1903 avec le Tour de France suite à l'idée géniale de Géo Lefebvre qui fait sortir les champions de la piste et attire quelques amateurs. L'ancien coureur Henri Desgrange y flairera là un très bon coup, et la mettra en œuvre pour faire exploser les ventes de son journal L'Auto. Pour cela, il sera épaulé par les indispensables Alphonse Steinès et Georges Abran. C'est au premier que l'on doit l'idée d'aller à la conquête de la Haute Montagne dès 1910. L'investissement financier du journal pour rénover les routes permit l'essor économique de ces régions reculées.

Plus d'un siècle après, même si le journal a disparu et que l'Equipe de Jacques Goddet a repris le flambeau après la 2ème Guerre Mondiale, l'Histoire du Tour continue grâce à la conviction de ces pionniers, leur audace et leur pugnacité!

Archive INA de Géo Lefebvre de 1950 au sujet du 1er Tour de France et témoignage d'un journaliste qui a assisté au premier départ.

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Maurice Garin (1871 - 1957) - surnommé "le petit ramoneur", en raison de sa petite taille (1,63 m) et de son gagne-pain quand il quitta, à 14 ans, l'Italie (et ses parents) pour la France - il fut le premier vainqueur du Tour de France en 1903. Cette victoire n'est pas le fruit du hasard, car Maurice Garin est cycliste professionnel depuis 1895, année où il établit le record de distance parcourue en 24h et le record des 500 km, puis remporte Paris-Roubaix les 2 années suivantes. C'est un cycliste extraordinairement résistant à l'effort ou au froid, doté d'une grande intelligence de course, amateur de grandes distances telles que Paris-Brest-Paris ou Bordeaux-Paris qu'il remporte en 1902.  Henri Desgranges était donc persuadé qu'en le comptant parmi les participants, en 1903 (c'est le premier inscrit!), il tenait déjà son champion.

Il fut invité, avec d'autres grand champions, au cinquantenaire du Tour de France en 1953. On peut l'apercevoir entre les 10 et 15 premières secondes de cette archive INA

Il s'éteignit quelques années plus tard à l'âge de 85 ans.

Une vaine polémique demeure quant à la nationalité de ce champion (et de ses titres), puisque ce fut clandestinement qu'il fuît la misère italienne...

Quoiqu'il en soit, compte-tenu des performances qu'il a démontrées au regard notamment du poids de son matériel et de l'absence d'assistance, Maurice Garin reste sans aucun doute, avec Gino Bartali, un des plus grands cyclistes présentés sur cette page.

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Sa monture (réplique) : un vélo "La Française-Diamant" de près de 20 kg en acier manchonné, sans frein, ni dérailleur. Roue arrière à pignon fixe de 20 dents et pédalier de 56 dents (!) Les roues sont à pneus et chambre à air et bloquées par des écrous. Le guidon est sans potence.

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- Eugène Christophe (1885 - 1970) - surnommé "le vieux Gaulois" - Premier porteur du maillot jaune en 1919 (nouveauté à mettre au crédit d'Alphonse Baugé), Eugène Christophe s'est illustré notamment en 1913 par sa ténacité, alors qu'il allait prendre la tête du Général et remporter son premier Tour de France après avoir gravi l'Aubisque et le Tourmalet et qu'il dût parcourir plus de 10 km à pieds en poussant son vélo de 15 kg pour réparer sa fourche. Cet exemple est illustratif de la malchance qui émailla malheureusement une bonne partie de sa vie. Il a couru pendant 22 ans, concourut 11 fois au Tour de France et remporta de nombreuses classiques (Milan San Remo, Paris-Tours, Bordeaux-Paris...).

Archive INA de 1953 au sujet de son Tour de 1913.

Son témoignage vidéo à l'âge de 84 ans (archive INA), où l'on peut admirer la simplicité et la modestie de ce pionnier dont la mémoire nous raconte l'époque où il y avait encore de la place pour les amateurs...

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Son Labor authentique de 1906, lors de sa 1ère participation du tour de France où il finit 9ème. Son vélo J.B Louvet de 1925 ne pesait, quant à lui, que 12 kg et disposait d'un petit et d'un grand pignon dont on changeait en retournant la roue arrière (pignon fixe de 18 dents et libre de 20 dents pour un pédalier de 48 dents - roues avec jantes en bois à boyaux)

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François Faber (1887-1915) - surnommé "le Géant de Colombes" pour sa stature (près de 2 m et 100 kg) - est un coureur luxembourgeois qui s'est illustré notamment en remportant le Tour de 1909 et par sa rivalité avec Octave Lapize sur celui de 1910 (formidablement bien raconté dans le Tour des Géants).

Outre sa victoire sur le Tour, François Faber a notamment à son palmarès :

- un tour de Lombardie en 1908,

- 2 victoires sur Paris-Tours en 1909 et 1910,

- Bordeaux-Paris en 1911,

- Paris-Roubaix en 1913.

1913 correspond également à l'année où Alphonse Baugé le prendra sous son aile pour un avenir qui s'avérait très prometteur si la Guerre n'en avait pas voulu autrement. François Faber meurt en effet pour la France en 1915, alors qu'il s'était engagé dans la Légion Etrangère. Homme dont la générosité fut confirmée par de nombreux témoins, il aurait déclaré : "La France a fait ma fortune, il est normal que je défende la France".

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Depuis ses débuts dans le cyclisme, Faber était fidèle à la marque Labor qui est devenue Alcyon, caractérisée par la couleur bleue de ses vélos. La monture avec laquelle Faber gagna le Tour en 1909 (cf. photo ci-contre) devait correspondre à celle-ci.

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Octave Lapize (1887-1917) - surnommé "Tatave" ou "le frisé" - s'est illustré en remportant le Tour de 1910 qui comportait pour la première fois la Haute Montagne.

Parallèlement à cet exploit (surhumain dans les conditions de l'époque), il remporte :

- la médaille de bronze aux JO de Londres en 1908,

- Paris-Roubaix 3 fois de suite (1909-1910-1911), 

- Paris-Tours en 1911,

- le championnat de France en 1911, 1912 et 1913.

Il était considéré comme le meilleur cycliste de son époque.

Il mourra pour la France dans un combat aérien le 14 juillet 1917.

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Une réplique de son vélo de 1910 : un Alcyon avec des roues Dunlop. Il pesait environ 12 kg avec des jantes en bois et un braquet à pignon fixe de 42x17 pour des étapes dantesques telles que celle de Luchon-Bayonne qui reste aujourd'hui encore l'étape la plus difficile jamais courue (375 km avec 5 cols donc 2 HC) !

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- Philippe Thys (1889 - 1971) - surnommé "le basset" en raison de sa petite taille et de sa posture très ramassée sur son vélo - est le premier coureur à réaliser un triplé sur la grande boucle (1913-1914 et 1920). Coureur doué de toutes les qualités, à l'aise sur tous les terrains, il est, en 1914, le premier coureur à dominer le classement du début à la fin de l'épreuve (le maillot jaune n'existait pas encore). Très combattif, ce Belge aura plusieurs points communs avec son compatriote Eddy Merckx qui lui succédera quelques décennies plus tard... compatriotes qu'il amènera à sa suite, au classement général en 1920 pour y briguer rien moins que les 7 premières places!

Philippe Thys était pour Henri Desgranges le cycliste le plus talentueux de sa décennie et nul doute qu'il se serait arrogé encore d'autres titres sur la grande boucle s'il n'avait pas été empêché par la guerre.

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Lors de ses 2 premières victoires, Philippe Thys appartenait à l'équipe Peugeot-Wolber (1912-1918), l'équipe "La Sportive" (1919-1921) lors de sa 3ème victoire, puis de nouveau Peugeot-Wolber de 1922 à 1924.

Son vélo Peugeot d'avant-guerre devait ressembler à celui-ci équipé d'un plateau de 44 dents et d'une roue libre de 18 dents.

Son vélo Peugeot d'après-guerre pouvait ressembler à celui-ci (ici pour la version restaurée). Un poids d'environ 14 kg pour un vélo avec des roues à boyaux et des jantes en bois. Un pédalier à 48 dents (joliment orné de lions de Sochaux), un pignon fixe à 18 dents et un pignon libre à 20 dents.

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- Ottavio Botecchia (1894 - 1927) - surnommé "le maçon de Frioul", ne commença le vélo, qu'à 24 ans, encouragé par un officier qui l'avait vu à l’œuvre pendant la 1ère Guerre où il reçut une médaille de courage.

Après avoir fini 5ème au Giro de 1923 sans sponsor ni équipe, il se voit proposer par Henri Pélissier de rejoindre son équipe "Automoto-Hutchinson" (équipe alors dirigée par Alphonse Baugé, lequel fournira tous les champions de l'époque) et finit 12ème du Tour après avoir endossé temporairement le maillot jaune. L'année suivante, il devint  le premier Italien à remporter le Tour de France, à porter le maillot jaune du début à la fin du Tour puis le troisième coureur à y réaliser un doublé (1924-1925) devant les frères Pélissier qui le considérèrent "intouchable". En 1926, il dut abandonner le Tour, la mort dans l'âme, atteint d'une bronchite dans les Pyrénées.

Facile aussi bien en montagne qu'au sprint, il aura connu, à seulement 32 ans, une fin brutale et mystérieuse, retrouvé mortellement blessé à la tête, alors que son vélo était intact, lors d'un entraînement cycliste près de chez lui, en prévision du Tour de 1927.

Le fait d'avoir fondé sa propre marque de cycles en 1926, permet, aujourd'hui encore, de faire perdurer sa légende. C'est d'ailleurs sur un Botecchia que Greg Lemond remporta le contre-la-montre de 1989 à Paris!

Courte Vidéo d'époque

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Lors de ses participations au Tour de France, Bottecchia était équipé par auTomoTo. Le vélo pesait environ 14kg et était doté d'une roue arrière avec pignon fixe à 16 dents d'un côté et pignon libre à 20 dents de l'autre pour un pédalier de 48 dents (ce qui, pour la Haute Montagne devait rester fort difficile à emmener). Les cales-pieds disposaient de lanières en cuir et le cintre de guidoline en tissu. Sa monture (restaurée)

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- Alfredo Binda (1902 - 1986) - surnommé "La Joconde" pour son style élégant - il fut le premier champion du monde professionnel en 1927, à l'âge de 24 ans, un an après avoir emporté le titre de champion d'Italie qu'il gardera 4 ans d'affilée! C'est également le premier cycliste à remporter 5 éditions du Giro (1925, 1927, 1928, 1929 et 1933) dont 8 étapes successives en 1929.

Afin de relancer la course, l'organisation du Giro lui offrit la prime du vainqueur pour qu'il renonce à sa participation en 1930, ce qu'il accepta. Alors qu'il occupait la 3ème place pour sa première participation sur la grande Boucle, il abandonna dans les Pyrénées pour retourner en Italie et réclamer son dû qui tardait à venir!

Il remportera 2 nouveaux titres mondiaux en 1930 et 1932!

Binda était non seulement très bon sprinteur mais également excellent grimpeur, inspirant les futurs Bartali, Coppi, Vietto, Nencini, Gaul et Bahamontes.

On l'aperçoit (à 1'00) en chemise à carreaux dans cette belle archive INA de 1955 où il était directeur de l'équipe d'Italie.

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Sa monture de l'époque : un vélo Legnano aux caractéristiques assez proches de celui de Bottecchia

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André Leducq (1904 - 1980) - surnommé "Dédé gueule d'amour et muscles d'acier" est un personnage incontournable du cyclisme français et incontestablement le meilleur du début des années 30. Durant cette décennie où Henri Desgranges constituera des équipes nationales pour relancer la popularité du Tour, l’Équipe de France fut particulièrement bien dotée en cyclistes talentueux et solidaires ainsi qu'en matériel, toujours innovant.

Dès son plus jeune âge, Dédé fut attiré par le cyclisme en général et le Tour de France en particulier. Il remporte le titre de champion de France amateur en 1922 et 1925 et celui de champion du monde amateur en 1924.

Professionnel dans l'équipe Alcyon-Dunlop, il fait ses premiers Tours de France. En 1928, il remporte Paris-Roubaix et finit 2ème de la grande boucle.

Il est vainqueur du Tour en 1930 et 1932 puis aidera Archambaud et Speicher sur le Tour de 1933 révélant l'image d'une équipe de copains fédérée pour faire gagner la France davantage qu'un leader!

Durant sa carrière, Dédé aura remporté un total de 25 étapes sur le Tour.

Ses qualités physiques lui ont permis d'être un coureur complet et de rivaliser avec les meilleurs aussi bien dans les ascensions qu'au sprint.

Par sa gouaille de titi parisien et son style, Dédé resta très longtemps populaire auprès du grand public et se nouera d'amitié avec de nombreux artistes.

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Sa monture de 1930 (réplique) : un vélo Alcyon (cadre en acier (soudé autogène) et périphériques), roues à jantes en bois à boyaux avec, à l'arrière une roue libre à 3 pignons (16-19-23) d'un côté et de l'autre un pignon fixe (en cas de défaillance de la roue libre), pédalier de 48 dents. Les freins sont à tirage latéral à pivot central, (comme sur nos vélos modernes jusqu'à la fin des années 90)! Le tout pour un poids record inférieur à 10kg!

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Charles Pélissier (1903 - 1959) - surnommé "Charlot" (par les hommes) et "Valentino" (par les femmes) - est le benjamin de la fratrie qu'il constitue avec ses illustres aînés Henri et Francis. C'est toutefois le plus apprécié des trois par Henri Desgranges, du fait de son caractère plus constant et de sa popularité. Popularité qu'il doit à son image, à une certaine distinction, une élégance jusqu'alors inédite dans le sport cycliste, et qui ranimera l'intérêt des Français pour la Grande Boucle. 

Si Charles Pélissier a un palmarès un peu moins fournis que ses frères et se peine à se faire un prénom, il s'efforcera à gagner ses premières courses et y parviendra à partir de 1925. 

En 1926 et pour 3 années consécutives, il remportera le titre de champion de France de cyclo-cross.

En 1928, il finit 2ème à Paris-Tours.

En 1930, il établit le record du nombre de victoires d'étapes sur un même tour (8), remporta, avec A. Blanchonnet, les "6 jours de Paris" et finit 2ème au championnat de France sur route.

En 1931, il finira 2ème du Paris-Roubaix.

Nommé "Capitaine de l’Équipe de France" sur les Tours de 1930 et 1931, il aura su se mettre entièrement au service de son leader, notamment dans la 16ème étape de 1930 auprès d'un André Leducq blessé auquel il sauva le maillot jaune, et dans la 15ème étape de 1931 où il prit dans sa roue un Antonin Magne en perdition pour réduire son écart sur les échappés. C'est à cette époque que fut instaurée pour la première fois entre équipiers un partage équitable des primes d'étapes. L'esprit d'équipe y a donc brillé sur tous les plans!

Charles Pélissier, disparut des suites d'un cancer à seulement 59 ans. La prise régulière de strychnine ne semble pas étrangère à cette mort prématurée.

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Sa monture de 1925 (réplique) : Il s'agit d'un vélo auTomoTo très proche de celui de Botecchia alors dans la même équipe.

Sa monture de 1937 (réplique) : il s'agit d'un vélo Genial-Lucifer constitué d'un cadre et d'un fourche en tubes Reynolds, de roues à jantes en bois à boyaux, d'un pédaliers à clavettes de 46 dents, d'une roue libre à 3 pignons (16-18-20) animée par l'un des tous premiers dérailleurs, un "super-champion" à tendeur, pour un poids d'un peu moins de 11kg.

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Antonin Magne (1904 - 1983) - surnommé "Tonin le sage" - est une des figures majeures de l'histoire du cyclisme français. 

Animé d'une certaine rigueur dans son entraînement (qui lui valut son surnom), cet auvergnat s'est imposé 2 fois sur le Tour de France (1931 et 1934) et a remporté le titre de champion du monde en 1936.

Antonin Magne fut vainqueur à 3 reprises du Grand Prix des Nations (1934-1935-1936), a fini 4 fois sur la 2nde place du podium du championnat de France (32-33-34-36) et à la 3ème place du Paris-Roubaix et du Tour de France de 1930.

Lors de ses victoires sur le Tour, Antonin put bénéficier de l'aide d'André Leducq et de Charles Pélissier en 1931, puis de Speicher, de Lapébie, mais surtout de René Vietto à 2 reprises, qui lui céda sa roue et son vélo, en 1934 où il garantira sa victoire finale grâce à sa domination dans l'épreuve du contre-la-montre.

Il fera ses adieux à la Grande Boucle, en 1938, en franchissant la ligne d'arrivée victorieusement au Parc des Princes aux côtés de son ami André Leducq avec lequel ils auront distancé tous les autres coureurs lors de cette dernière étape.

Antonin Magne poursuivit ensuite sa carrière, après la 2ème Guerre Mondiale, comme Directeur sportif de l'équipe Mercier pendant 25 ans, où il vécut notamment la consécration de Louison Bobet et l'incroyable popularité de Raymond Poulidor auxquels il inculqua sa devise empruntée à Lamartine : "La gloire n'est jamais où la vertu n'est pas".

Il s'élèvera publiquement contre le recours au dopage et lui préféra l'homéopathie et la radiesthésie...

- Archive INA de 1962 : son interview, en tant que Directeur sportif par Robert Chapatte.

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Sa monture de 1939 (réplique) : un vélo de sa propre marque doté d'un cadre et d'une fourche en tubes Reynolds 531, un dérailleur Simplex "champion du monde" de 4 vitesses, un pédalier à clavettes de 46 dents, des roues avec des jantes en bois à boyaux (roue libre d'un côté, pignon fixe de l'autre) pour un poids total de 11kg.

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Gino Bartali (1914 - 2000) - surnommé "Gino Le Pieux" - caractérisant l'homme de foi qu'il fut, sans doute bien avant le cycliste.

Dès 13 ans, Gino travaille comme réparateur de bicyclettes et montre des débuts très prometteurs, notamment au sprint (malgré une chute où il se fractura le nez) et en côte sur quelques courses d'amateurs au niveau national.

En 1935, sa première année en tant que pro, il remporte le titre de champion d'Italie et rejoint l'équipe Legnano.

En 1936, il remporte son 1er Giro en compensant ses faiblesses aux épreuves de contre-la-montre par son aisance dans les côtes. Il récidivera l'année suivante.

En 1938, il est encouragé par le pouvoir fasciste à délaisser le Giro pour se concentrer sur le Tour de France qu'il remporte d'une manière magistrale principalement par ses victoires successives dans les Pyrénées et les Alpes et relèguera le deuxième à près de 20 min au classement général! Il remportera systématiquement le classement de meilleur grimpeur de ses Grands Tours.

L'année suivante, découvrant Fausto Coppi, il encouragera son directeur à le recruter pour qu'il devienne son équiper, mais c'est Bartali qui aidera finalement Coppi à remporter son 1er Giro en 1940.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il s'exposera en jouant un rôle de messager auprès du clergé pour organiser la fuite de Juifs menacés par le régime fasciste. Il abritera lui-même des familles et sera traduit plusieurs fois devant des tribunaux militaires.

Après guerre, alors que Coppi se retrouve chez Bianchi dans une équipe adverse de la sienne (Legnano), Bartali parvient à remporter le Giro de 1946. La rivalité ne cessera pas, car sur le Giro de 1947 il sera cette fois second derrière Coppi.

A partir de 1948, c'est Alfredo Binda qui dirige l'équipe d'Italie composée notamment des 2 champions. Au Tour de France de 1948, alors qu'il était distancé dans le classement par le jeune Louison Bobet,  Bartali parvient à remporter, dans les Alpes, son deuxième tour de France. C'est le seul à l'avoir remporté avec 10 ans d'écart, cette fois encore en reléguant le deuxième à plus de 20 minutes au classement général!

Alors que Bartali finit deuxième derrière Coppi au Giro de 1949, Alfredo Binda dut faire preuve d'une grande diplomatie pour faire littéralement signer à Coppi et Bartali un pacte de non agression afin qu'ils se fédèrent plutôt que de se combattre lors du Tour de France. Ceci porta ces fruits puisque, alors que Coppi menaçait d'abandonner, Bartali se conduisit en équipier modèle et permit à Coppi d'accéder à sa première victoire sur le Tour, juste devant lui. Classement qui fut le même au Giro de 1950...

Bartali se conduira encore en équiper loyal à l'égard de Coppi en 1952, lors du Tour de France que ce dernier remporta pour la seconde fois.

En interviewant Bartali 20 ans plus tard, celui-ci affirmera qu'il se serait senti capable de remporter tous les Tours de France de 1937 à 1950 s'il n'y avait pas eu la guerre, tant il avait le sentiment que la course était taillée pour lui et de surclasser largement ses adversaires.

- Archive INA du Tour de 1948

- Archive INA d'une interview de 1979

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Sa monture du Tour de 1938 : un Legnano avec un plateau de 48 dents et 4 vitesses animées par l'ancêtre du dérailleur arrière, un Vittoria Margherita.

Sa monture du Tour de 1948 : un Legnano avec un plateau de 48 dents et 5 vitesses (14/16/18/20/22) animées par un dérailleur Campagnolo pour un poids de 12 kg.

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Jean Robic (1921 - 1980) - surnommé "Biquet" ou "tête de cuir" - est un personnage "entier" d'un caractère franc et haut en couleurs qui lui a valu une grande popularité dans le cyclisme d'après-Guerre. Il constitua, pour bon nombre de Français, l'anti-thèse d'un autre Breton, Louison Bobet, dont il niait d'ailleurs jusqu'à la celtitude!

Tonnelier-charron de formation, il en conservera, dans le peloton, la verve et les jurons, mais également un certain penchant pour la boisson, qui lui valut son décès prématuré, à 59 ans, où il encastra sa voiture sous un camion après une tromperie sentimentale mal noyée dans l'alcool.

Parmi ses nombreux signes distinctifs, citons, à l'origine de son surnom "tête de cuir", ce fameux casque de cyclo-cross qu'il conservera sur toutes ses courses depuis une chute sur le Paris-Roubaix en 1944. Par fort ensoleillement il y glissait parfois dessous un mouchoir, qui lui valait ce sous surnom de "Mémé"!

En cyclo-cross, il remportera le titre de Champion de France en 1945 et Champion du Monde en 1950.

Il sera vainqueur du Tour de France de 1947, Tour qu'il gagna essentiellement dans les Pyrénées, mais surtout dans la dernière étape où, se retrouvant sans équipiers, il dut négocier, pendant la course, un accord financier avec l'un des échappés, Fachleitner, pour déposséder Brambilla du maillot jaune. Ceci lui permit de tenir la promesse qu'il avait faite à sa femme avant le départ : lui payer sa dot avec la prime du vainqueur.

Mais ces victoires, il les aura bien souvent remportées dans la témérité alors que son physique, chétif, ne le prédestinait pas au cyclisme. 

Sans peur et sans reproche, il n'hésita pas à gifler à l'arrivée d'un Liège-Bastogne-Liège, un Ferdi Kübler qui avait 2 têtes de plus que lui! 

Insupportable pour certains, héroïque pour d'autres, se battant avec ardeur dans l'Alpe d'Huez contre Coppi en 52, il était souvent énervé de ne pas reconnaître son nom parmi ceux scandés par le public dans les cols, ce qui lui fit dire "des Bobet, j'en ai un dans chaque jambe".

Interrogé au sujet du dopage en 1977, il répondra qu'il avait l'habitude de faire remplir ses bidons de 3/4 café 1/4 calva et qu'à raison d'une gorgée toutes les 10 minutes, il pouvait aller au bout du monde!

Une figure qui restera sans doute unique dans l'histoire du cyclisme!

- reconstitution en 1976 de sa victoire de 1947 lors de l'étape finale Caen-Paris.

- Reportage de France 3 Normandie sur le souvenir de sa victoire sur Brambilla dans la côte de Bon Secours lors de l'étape Caen-Paris.

- une courte rétrospective de sa victoire en 1947 sur TV5Monde, 70 ans plus tard.

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Sa monture (restaurée) de 1952 : un vélo Colomb avec un cadre et une fourche en tubes Durifor. Double-plateau perforé, roue libre 5 vitesses, dérailleur avant Simplex et arrière Huret, roues avec jantes Ambrosio à boyaux, pour un poids de 10,5kg.

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- Fausto Coppi (1919 - 1960) - surnommé "le Campionissimo" ou "le héron" (pour ses longues jambes d'échassier), se distingue par son palmarès hors du commun, - notamment 5 Giro et 2 Tours de France (1949 - 1952), un championnat du monde, un record de l'heure... - et par sa rivalité avec Gino Bartali au travers de laquelle ce sont deux mentalités différentes de l'Italie qui se sont affrontées : la pieuse et le superbe. Coppi fera l'unanimité de part et d'autre des Alpes, ce qui favorisa le rapprochement franco-italien après guerre.

D'abord apprenti charcutier, c'est en livrant sa marchandise que Coppi découvrit le vélo mais aussi à travers les journaux dans lesquels il suivait les exploits de ses héros, tels que Bartali... Aidé par sa physionomie idéale pour le sport cycliste (gros cœur, longs fémurs et très bons reins), il s'imposera dès ses premières courses amateurs et remportera son premier Giro à 21 ans dès sa première participation! Le premier d'une longue série! 

En 1949, il remportera son 1er Tour de France dès sa 1ère participation et son premier doublé Giro-Grande Boucle, après qu'Alfredo Binda lui eût fait signer un pacte de non-agression avec Bartali!

Il récidivera en 1952.

Cette année-là, on monte l'Alpe d'Huez [Archive INA] pour la toute première fois, et si Coppi était amateur du dérailleur français Simplex, c'est avec un Campagnolo sur un braquet 46x19 (excusez du peu) qu'il remporta cette ascension sur son Bianchi en endossant le maillot jaune et le maillot à pois pour les garder jusqu'à Paris! 

Bartali étant bousculé par des supporters, les Italiens abandonnent le tour de 1950 lors de 12ème étape. Quant au Tour de 1951, on y retrouvera un Coppi très affecté par la mort de son frère. Ces 2 tours seront respectivement remportés par le Champion du Monde Ferdi Kübler et le "pédaleur de charme" Hugo Koblet, faisant rentrer les Suisses dans le palmarès.

Les années suivantes, Coppi comme Bartali seront les premiers admirateurs de Louison Bobet qu'ils avaient pu déjà côtoyer sur les routes du Tour. Bobet, dont le style alliait également la classe et le courage, fit, comme Coppi l'unanimité de part et d'autre des Alpes, en particulier sur la période de la triple victoire du Français sur le tour : 53-54-55.

Fausto Coppi est aussi le coureur qui incarne pour la première fois une discipline stricte dans ses entraînements et sa nutrition. Il disparut malheureusement bien trop tôt, à l'âge de 40 ans, emporté par la malaria qu'il contracta en Haute-Volta, lors d'un Safari pour lequel Louison Bobet lui avait cédé sa place. Raphaël Géminiani contracta cette maladie dans les mêmes circonstances, mais eu la chance de bénéficier, à son retour en France, d'un bon diagnostic et du traitement adapté qui lui sauva la vie, même si la maladie précipita sa fin de carrière sportive.

On recommandera l'écoute de cet excellent documentaire radiophonique de France Culture où l'on découvre les portraits de Bartali et de Coppi. Portraits contrastés tant par la personnalité des deux coureurs que par le contexte historique qui les entoure. On découvre un Coppi qui ne cache pas sa consommation de "Bomba", les amphétamines très en vogue à cette époque. Un exemple que suivront notamment ses deux grands admirateurs, Louison Bobet et Jacques Anquetil.

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Henri Desgranges ayant levé leur interdiction en 1937, l'après-guerre vit la première grande révolution dans l'industrie du cyclisme avec l'arrivée des dérailleurs avant et arrière (l'inventeur italien Campagnolo fut alors concurrencé par le fabricant français Simplex). L’allègement considérable des cadres par des techniques permettant de fabriquer des tubes d'épaisseurs variables (Reynolds en Angleterre, Columbus en Italie) fut également un grand pas en avant ainsi que l'apparition du pneu haute pression par Michelin.

La monture authentique de Coppi lors du Tour de France de 1952 : un Bianchi vert céleste de 11,5 kg avec un dérailleur Campagnolo Gran Sport doté d'une roue libre à 5 vitesses (15/17/19/21/23) et d'un double plateau (46/54) qui, à l'image des autres accessoires (jantes en alliage, bidon isotherme, selle en cuir rivetée...) était intégralement fabriqué en Italie. Pour le plaisir des yeux : une belle réplique d'un collectionneur.

Quant à son record de l'heure de 1942, il fut réalisé avec un vélo de 7,5 kg et un braquet de 52x15.

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- Hugo Koblet (1925 - 1964) - surnommé "le pédaleur de charme" - a marqué, par son style et son incroyable facilité, le cyclisme des années 50.

Adolescent, c'est contre l'avais de ses parents qu'il pratiquera le vélo et s'inscrira à sa première course. Après plusieurs courses en amateur et une renommée croissante en Suisse, il se perfectionne sur la piste et réalise de nombreuses courses internationales dans cette discipline.

Il sera Champion de Suisse de Poursuite pendant 8 années consécutives de 45 à 54!

Il remportera la médaille de Bronze aux championnats du Monde de 1947 et l'argent à ceux de 1951 et 1954.

Il remportera aussi pas moins de 9 courses des "6 jours"!

Sur route, il devra essentiellement ses victoires à de longues échappées et se révélera également très bon grimpeur.

Malgré quelques chutes et accidents il parvient à s'aligner au départ de Grands Tours et devient le premier coureur  étranger à remporter le Giro en 1950 en s'emparant également du maillot de meilleur grimpeur. Il double avec le Tour de Suisse la même année, se réservant pour le Tour de France l'année suivante.

Sur cette Grande Boucle de 1951, Koblet commence par marquer des point à l'épreuve contre-la-montre. C'est ensuite par un échappée solitaire de plus de 140 km qu'il marquera les esprits et entamera le moral de ses poursuivants relégués à plusieurs minutes alors que lui, n'exprimera pas de signes de fatigue!

Il commettra de nouveaux coups d'éclats en remportant des étapes dans les Alpes et de nouveau en contre-la-montre pour finir vainqueur en reléguant le deuxième, Raphaël Geminiani, à 22 minutes au classement général!

En 1952, il contractera une maladie au Mexique qui ne lui permet pas de retrouver son niveau de 51.

En 53, il revient dans la course en finissant 2ème du Giro, en remportant le Tour de Suisse pour la 3ème année consécutive, mais une chute dans les Pyrénées le contraignit à abandonner le Tour de France.

En 1964, après avoir dilapidé sa fortune par un train de vie trop dispendieux et sa grande prodigalité, il devra subir l'épreuve d'un divorce et de mauvaises affaires. A 39 ans, il trouvera la mort tragiquement des suites d'un accident de voiture dont les circonstances s'apparentent à un suicide.

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Sa monture authentique de 1952 : un vélo Cilo extrêmement bien fini, avec un cadre et un fourche en tube Reynolds 531. Dérailleur avant et arrière Campagnolo Gran Sport avec commandes au bout du cintre : 46/49 x 5v (14-26) pour un poids de 10,6 kg.

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- Louison Bobet (1925 - 1983) - surnommé "le boulanger de St Méen", (mais aussi "Louisette bonbon" par Jean Robic qui ne goûtait guère sa préciosité) - est le premier coureur à remporter le Tour de France 3 années consécutives.

Fils d'un boulanger qu'il aida dès son plus jeune âge, il partagera son intérêt pour le vélo et le tennis de table.

Il découvrit son potentiel dans ses premières courses amateurs.

En 1946, il remporte le Championnat de France amateur puis devient professionnel chez Stella.

En 1947, à seulement 22 ans, il est forcé d'abandonner son premier Tour de France en raison d'une chute.

En 1948, alors qu'il était bien placé au classement et avait endossé à plusieurs reprises le maillot jaune, il n'est pas soutenu par ses équipiers ni son Directeur sportif. Il finira à la 4ème place mais gagnera l'admiration du vainqueur, Gino Bartali et du Directeur de celui-ci Alfredo Binda qui verront en lui un futur vainqueur.

D'une santé défaillant, il est obligé d'abandonner le Tour de 49 et part en Italie pour s'inspirer des méthodes de préparation de Coppi.

En 50, ce sera sa première victoire au championnat de France et un 3ème place au Tour de France.

En 51, il remporte Milan San-Remo et de nouveau le Championnat de France.

En 52, il remporte notamment Paris-Nice et le Grand-Prix des Nations.

En 53, par l'entremise de Marcel Bidot, Bobet bénéficiera du soutien de ses équipiers pour défendre son maillot jaune jusqu'à Paris, mais forgera sa victoire avec panache dans l'Izoard devant Fausto Coppi venu en spectateur.

En 54, il double la mise après avoir remporté les championnats du monde.

En 55, après une victoire au Tour des Flandres, il remporte sa 3ème grande boucle grâce notamment, comme l'année précédente, au gros travail de son équipier Raphaël Geminiani qu'il affubla du surnom "le Grand Fusil".

En 56 enfin, il remporte le Paris-Roubaix. et enfin Bordeaux-Paris en 59.

Dans le peloton, Bobet n'était pas toujours apprécié, par son style sans doute, à l'opposé de Jean Robic ou de Gem', toujours provocateurs, mais aussi plus tard, d'Anquetil avec qui les relations sont toujours restées glaciales. Géminiani dira de lui : "Il y avait du Jean Marais en lui. Il s'appliquait à parler à la troisième personne, cherchait ses mots, s'épongeait le front avec un mouchoir." On comprend que sa courtoisie et sa bonne éducation auront davantage séduit un public distingué qu'il rejoindra après sa reconversion, que le monde cycliste à proprement parlé...

Bobet voulait s'élever au statut de champion et a mis en place une méthode pour y parvenir malgré quelques défaillances de santé contre lesquelles il a dû bien souvent lutter pour sauver son titre.

Il s'est éteint d'un cancer à l'âge de 58 ans alors qu'il était à la tête d'une entreprise florissante de thalassothérapie dont il fut le précurseur.

- Archive INA de sa victoire en 1953.

- Archive INA de 1969, après sa reconversion

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Sa monture (réplique) de 1953 : un vélo Stella, doté d'un cadre et d'un fourche Vitus en tubes Durifor, roues à moyeux Campagnolo, jantes Mavic, boyaux Hutchinson, dérailleur Simplex 4v à l'arrière, double-plateau avec le dérailleur par levier manuel à l'avant, et arrache-clou pour un poids de 10,5kg.

Sa monture (restaurée) de 1955 : un vélo Louison Bobet (filiale de Mercier), avec cadre et fourches en tubes Reynolds, dérailleurs avant et arrière Huret (51/45 x 5v), roues à boyaux avec moyeux Campagnolo pour un poids de 11kg.

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- Jacques Anquetil (1934 - 1987) - surnommé "Maître Jacques" -, est le premier Normand de la liste, mais pas des moindres. Inspiré par Coppi qui tentera de l'initier à la diététique [avec un succès tout relatif quand on connaît les penchants du Français pour la bonne chair...], il lui succèdera rapidement au palmarès, notamment pour le record de l'heure (à tout juste 22 ans!). Issu d'un milieu modeste, c'est un peu par hasard qu'il rencontre le vélo et y découvre finalement le moyen d'échapper à un avenir promis à l'usine ou l’horticulture. Ses capacités physiques et notamment sa vélocité exceptionnelle, son coup de pédale si particulier (il tirait autant qu'il appuyait) et sa posture si souple amèneront beaucoup de commentateurs à le qualifier de cycliste "parfait". Vainqueur du Grand Prix des Nations à 19 ans et à 9 reprises (où il pouvait perdre, dans les dernières éditions, jusqu'à 5 kg pendant la course!), premier quintuple vainqueur du Tour de France et premier vainqueur des 3 Grands Tours, il a, sans doute, le palmarès le plus fourni de l'histoire du cyclisme (de la Poursuite aux Championnats du monde (2ème en 1966) en passant par toutes les grandes classiques...). Il gagnera son 1er Tour, dès sa 1ère participation à l'âge de 23 ans en remportant son maillot jaune au sprint à domicile : à Rouen!

On lui comptera également 10 podiums au trophée Baracchi (entre 1953 et 1968), dont 3 première places (avec Altig, Stablinski puis Gimondi) et 6 secondes places dont 2 d'entre elles firent polémiques : celles qu'il courut en duo avec Bobet (54) et Poulidor (63), des frères "ennemis" avec lesquels il ne s'entraîna même pas avant d'arriver à la course...

Leader dans l'âme, il ne parviendra pas à trouver sa place dans l'équipe de France de Marcel Bidot (avec notamment Bobet, Rivière, Geminiani en 59) et se montra toujours très exigeant vis-à-vis de ses directeurs sportifs.

Jacques Anquetil se distingue de tous les autres coureurs par sa personnalité. Assez distant et calculateur, on lui reprochera son caractère froid et hautain, et, après avoir d'abord feint d'ignorer "se saler la soupe", c'est avec une certaine désinvolture, mais toujours avec le mot juste, qu'il reconnaîtra ensuite prendre des "excitants" (l'usage des amphétamines lui étant devenu banal, même hors du vélo), ce qui lui invalidera d'ailleurs l'homologation de son second record de l'heure. Anquetil vécut donc le vélo avec détachement, avouant même, pour notre stupéfaction, qu'il ne l'a "jamais aimé", et, lors de sa retraite n'y retouchera plus jamais après l'avoir pendu au clou!... Pourtant en 1963, il déclarait :" Si je n'avais pas fait de vélo, je ne vois aucune autre activité qui aurait pu m'intéresser..." L'interview ci-dessous de 1963 montre surtout beaucoup de lucidité chez celui qui pour beaucoup de Français était "né" champion. Champion qui à l'image d'autres champions de la même espèce, a cédé à l'usage de la dope pour le rester à tout prix. Il se distinguera aussi par une vie maritale particulièrement complexe, qui révèle la face cachée d'un homme aux multiples vies.

Emporté prématurément à 53 ans d'un cancer à l'estomac, il restera, à l'époque du Général de Gaulle, le champion de toute une génération... [enfin celle qui préférait celui qui réussit à celui qui résiste, incarné par Poupou, ce pauvre Poupou qui après avoir dû supporter la suprématie d'un Anquetil dut faire face à celle d'un jeune Belge prénommé Eddy... Les 3 coureurs se rencontreront sur une course, le Paris-Nice de 1969 pour se partager le podium où Anquetil laissera la première place au canibale et pour la deuxième... on aura deviné!...]

Voici ce qu'Antoine Blondin écrivait très justement le 14 Juillet 1954 :

« Bien sûr, le peuple attend que Poulidor, que l’on a très longtemps fait passer pour un « sans-culot », prenne la Bastille. La voxpopulidor ne s’en cache guère et son exaltation n’est pas pour nous déplaire à condition qu’elle n’entache pas de goujaterie à l’endroit de l’extraordinaire aristocrate de la bicyclette qu’est Jacques Anquetil. On ne demande pas la tête de l’homme de tête aussi impudemment que nous l’avons vu faire sur les routes. [...] Il faut que les gens sachent que le moment est venu où l’on peut être pour l’un sans être contre l’autre, car ils sont désormais complémentaires dans le cadre de ce Tour de France inoubliable et se font mutuellement valoir ».

Lors d'une reconstitution au sommet du Puy de Dôme, 10 ans après sa dernière victoire sur le Tour, Anquetil offrit à Poupou un de ses maillots jaunes, lui prouvant qu'il lui reconnaissait les talents d'un grand champion!

Archive (audio) de l'INA, de 1953, d'une de ses toutes premières interviews, en compagnie du mentor de ses débuts : Francis Pélissier

Archive INA (record de l'heure de 1956)

Archive INA (CLM du TdF 1962)

Archive (italienne) du Trophée Baracchi de 1962 qu'il remporta avec Ruddi Altig : rare vidéo où on le découvre en difficulté dans sa spécialité, le CLM, avec un final, à l'image de la course, où l'on voit l'Allemand, tout frais, faire, seul, le tour d'honneur, laissant Anquetil à l'agonie sur le bord de la piste...

Archive INA (Interview 1963)

"Le mystère Jacques Anquetil" de Ph. Kohly coproduit en 1997 par France 2 et l'INA (documentaire faisant une retrospective de l'ensemble de sa carrière)

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Un exemple de la monture qu'il pouvait avoir en 1956 : un Helyett d'à peine 10 kg fabriqué à Sully-sur-Loire dans une entreprise qui, avant d'être vendue en 1962 fabriquait des vélos de très grande qualité avec une certaine innovation  - Cadre Reynolds 531, avec axe de pédalier creux à clavettes, câble du frein arrière passant dans le tube horizontal, serrage rapide Campagonolo, dérailleurs simplex (52/47 à l'avant, et roue libre à 5 vitesses 14/16/18/21/24 à l'arrière), roues à jantes Mavic à boyaux. Pour l'anecdote, lors de certains contre-la-montre il est arrivé à Anquetil de monter des braquets de 52/10!

Ici son vélo du record de l'heure de 1956 (braquet de 52x15 pour un poids de 8,7 kg).

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André Darrigade - (1929 - ) - surnommé le "lévrier des landes" fut le premier et fidèle lieutenant de Jacques Anquetil (un peu plus tard accompagné du second couteau Jean Stablinski) au sein des équipes "La Perle" (1954), "Bianchi-Pirelli" en 55 (coopté par Coppi), "Helyett" (1956 à 1960) ou sur le Tour en équipe de France, équipe de Marcel Bidot qu'il a failli quitter en 1956 à l'issue de la 13ème étape où il crève en tête de la course à 8 km de l'arrivée et qu'il dut réparer seul, personne ne s'étant arrêter pour lui laisser sa roue!

Excellent sprinter et rouleur, il est également un équiper modèle, particulièrement sympathique.

Son palmarès est impressionnant : champion de France sur route en 55, Prix de la combattivité sur le Tour de 56, champion du monde sur route en 59, maillot vert sur les Tours de 59 et 61, il collectionne également un nombre impressionnant de podiums sur de grandes classiques!

Enfin, son record de victoires au sprint sur la Grande Boucle (22) n'a été battu que récemment par Mark Cavendish avec lequel il s'est lié d'amitié.

Archive INA de sa victoire aux Championnats du monde en 1959

Archive INA où il évoque avec émotion sa reconversion

Souvenirs et témoignages d'amitié dans le cadre de son 90ème anniversaire.

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Monture : Étant de la même équipe qu'Anquetil, Darigade roulait également sur des Helyett aux caractéristiques très comparables.

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- Gérard Saint (1935 - 1960) - surnommé "Gérard les longues jambes" est le deuxième normand de notre liste. Natif d'Argentan et issu d'un milieu très modeste, il passe, à 18 ans, en une seule saison de la 4ème à la 1ère catégorie et améliore le record d'Anquetil, au même âge que lui, sur un contre-la-montre dont la discipline deviendra rapidement son domaine de prédilection, même si d'autres compétitions révèlent qu'il est aussi à l'aise en haute Montagne! Son autre point commun avec Anquetil est l'efficacité de son effort, tout en jambes, et son dos horizontal comme peut en témoigner la photo ci-contre. C'est finalement au  Tour de la Manche que Raphaël Geminiani le remarque et lui propose un contrat en 1956 où il brille d'abord sur la piste. Mais c'est surtout en 1959, lors de son premier Tour de France qu'il aurait pu l'emporter s'il n'avait pas joué de malchance. Ses performance sont toutefois  récompensées par le prix de la combativité et sa notoriété grandissante.

Nul doute qu'il aurait été promis à un très brillant avenir s'il n'avait pas trouvé la mort, l'année suivante, dans un accident de la route, à seulement 24 ans.

Le superbe documentaire de France3 "Gerard Saint, un cycliste hors du temps" qui lui a été consacré.

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Monture : Etant de la même équipe qu'Anquetil (St Raphaël Geminiani), Gérard Saint roulait sur un vélo "cycles Geminiani" à l'image de cet exemplaire restauré, aux caractéristiques très proches du Helyett avec lequel roulaient ses co-équipiers les années précédentes. La cadres étaient quant à eux fabriqués dans l'usine Cizeron située à Saint-Etienne.

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- Roger Rivière (1936 - 1976) - surnommé "le roi de Vigorelli" pour y avoir magistralement battu 2 fois le record de l'heure en 1957 et 1958 (malgré une crevaison!), compte également à son palmarès 3 titres de champion du monde de poursuite (de 1957 à 1959) et un titre de champion de France de poursuite en 1957 où il détrône (comme pour le record de l'heure), un certain Jacques Anquetil, avec lequel il partagera le maillot "St Raphaël Geminiani"... C'est en 1959 que ce champion, imbattable sur sa courte période pro, décide de se consacrer à la route. Pour sa première participation au Tour de France, en étant compagnon de chambrée (et de dope) de Maître Jacques, il remporte la 4ème place. Sur le Tour de 1960, une chute dans la descente du col du Perjuret l'oblige, à seulement 24 ans, à raccrocher le vélo et à renoncer à un avenir particulièrement prometteur. Les conséquences de cette chute  le rendent dépendant à un très puissant analgésique. Il sera prématurément emporté par un cancer du larynx à l'âge de 40 ans!

1960 restera sans doute l'année la plus sombre pour Raphaël Géminiani avec la perte de son ami Fausto Coppi, le décès de Gérard Saint et l'arrêt de la carrière sportive de R. Rivière, sans doute les plus grands coureurs cyclistes français de l'époque qu'il était parvenu à réunir dans la même équipe, aux côtés d'Anquetil, Stablinski, Altig...

- Archive INA présentant un bref retour sur la carrière de R. Rivière, par J.-P. Ollivier

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Monture : Etant de la même équipe qu'Anquetil (St Raphaël Geminiani), Roger Rivière roulait sur un vélo "cycles Geminiani" aux caractéristiques très proches du Helyett avec lequel roulaient ses co-équipiers les années précédentes. La plupart des Cadres Geminiani étaient de couleur vert céleste (inspirée des Bianchi) à l'exception de celui de Roger Rivière de couleur chromée telle que l'illustre cet exemplaire restauré.

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- Eddy Merckx (1945 - ) - surnommé "le cannibale" reste aujourd'hui sans doute le premier nom de cycliste qui vient à l'esprit pour désigner un champion. Il détient d'ailleurs le titre de "meilleur cycliste du XXème siècle" par l'UCI. 

A moins de 20 ans, Eddy détenait déjà 84 succès en cyclisme amateur (dont celui de champion du monde à 18 ans!)

Eddy Merckx reste encore aujourd'hui le cycliste le plus titré de l'histoire, avec notamment 5 Tours de France, 5 Giro et 1 Vuelta! Il a également remporté pas moins de 27 classiques, 7 courses à étapes. Il détient 3 titres de champion du monde sur route (1967, 1971, 1974), un titre de champion de Belgique sur route (1970) et un record de l'heure (1972).

En fait, il serait plus rapide de dire ce qu'il n'a pas remporté et qui doit se résumer à une victoire sur le Paris-Tours, mais aussi le Tour de l'Avenir auquel il refusa de participer. Le plus extraordinaire, c'est de constater que sur l'ensemble des courses auxquelles il a participé pendant sa carrière, il en gagnera près d'un tiers (525/1800)! Une statistique qui montre son obsession pour la victoire à laquelle il pouvait consacrer tous ses efforts, même si elle ne présentait pas d'enjeu financier ni d'intérêt pour son palmarès!

Cycliste complet, il fut le seul de l'Histoire du Tour, à endosser à Paris, en 1969, pour sa première participation, les 3 maillots!

Eddy Merckx se caractérisera évidemment par sa combattivité ("abandonner" ne fait partie de son vocabulaire), mais également sa grande modestie et la méticulosité qu'il mettra au réglage de ses vélos.

Comme Anquetil, il souffrit, pour ses dernières participations sur le Tour, d'un déclin de popularité, voire de la haine d'une partie du public en raison de sa suprématie écrasante.

Plusieurs coureurs le firent toutefois vaciller de son trône, notamment :

- Luis Ocaña sur le Tour de 1971, 

- Roger de Vlaminck qui le coffa sur la ligne de Paris-Roubaix en 1975,

- Bernard Thevenet qui le domina à partir de la 15ème étape du Tour de 1975.

Un extrait vidéo de son record de l'heure de 1972

Une interview INA de 1975 après avoir été détrôné par Thévenet, qu'il félicite, à Avoriaz. Eddy souffre alors d'une mâchoire fracturée suite à une chute et d'une douleur à l'abdomen suite à un coup de poing d'un spectateur. Malgré tout, il n'abandonnera pas.

Une interview de 1999

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Bien qu'adepte des Colnago qu'on lui montait sur mesure (notamment celui du record de l'heure en 1972 avec un braquet de 52x14, des boyaux de soie et des composants en titane pour un poids total d'à peine 5,4 kg), Merckx roula la plus grande partie de sa carrière sur des cadres à son nom, fabriqués par Massi et DeRosa. Concernant son record de l'heure, il le réalisa à Mexico (moindre résistance de l'air) mais, sans doute à cause d'un départ trop rapide, cette expérience fut la plus douloureuse qu'il connut sur un vélo : il ne parvint plus à marcher pendant plusieurs jours. Après la course à l'aérodynamisme des années suivant cet exploit, l'UCI revit l'homologation des records en prenant la position (classique) de Merckx comme référence ce qui maintint son record pendant 28 ans, jusqu'à Boardman qui le battit de seulement 10 m en 2000! Connaissant l'immense champion qu'était Merckx, son niveau de préparation, l'intensité de son effort et son état de fatigue à l'arrivée, on peut raisonnablement penser que dans les mêmes conditions, un être humain (ie. non dopé) ne peut pas dépasser les 50 km (représentant déjà une puissance d'environ 450 W pendant 1 heure!)

Sa monture (réplique) de 1969 (années Famea) est composée d'un cadre et d'une fourche en tubes Columbus fabriqués par Charles Terryn, d'une transmission Campagnolo Record, de roues Mavic à jantes à boyaux pour un poids d'un peu plus de 10 kg.

Sa monture (réplique) de 1974 (années Molteni) est quant à elle composée d'un cadre Reynolds 531 fabriqué par B.C. Kessel, de jantes Mavic à boyaux et d'un équipement Campagnolo Record pour un poids d'un peu plus de 9 kg.

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- Luis Ocaña (1945 - 1994) - surnommé "l'Espagnol de Mont-de-Marsan" doit sans aucun doute sa renommée au fait d'avoir été l'un des tous premiers à avoir défié le grand Merckx. Excellent grimpeur, c'est lors du Tour de 1971, alors qu'il portait le maillot jaune et avait partie gagnée, qu'en descendant le col de Menté sous une pluie diluvienne, une chute le contraignit à l'abandon. Merckx, montra spontannément un bel esprit sportif vis-à-vis d'Ocaña, alors à l'hôpital, en refusant d'endosser le maillot jaune à l'arrivée de l'étape, comme le lendemain. 

Archive INA de 1971.

Ocaña prendra sa revanche 2 ans plus tard en remportant le Tour de 1973. Il a également à son palmarès la Vuelta de 1970 et le Grand Prix des Nations de 1971.

Bien qu'Espagnol, son panache et le fait d'avoir élu domicile en France valurent sans doute à Ocaña sa très grande popularité auprès des Français, dans cette période où Poupou brillait un peu moins et où Thévenet se préparait encore secrètement à dévorer le Cannibale...

De son côté Ocaña connut une reconversion difficile avec des revers de fortune et fut une des victimes de l'Affaire du sang contaminé à la suite d'une transfusion. Se sachant atteint d'un cancer du foie, il mit fin à ses jours à l'âge de 48 ans.

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Sa monture (réplique) en 1973 : un cadre Motobécane haut de gamme avec des tubes en Reynolds 531 équipé en Campagnolo Record (dentures en aluminium ajourés et percées) pour un poids d'environ 9kg.

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Joop Zoetemelk (1946 - ) - surnommé "le Hollandais du peloton" - est sans aucun doute le cycliste le plus discret de cette série de portraits, et pourtant, son palmarès montre qu'il est bien celui d'un champion.

Zoetemelk se distingue, dans l'histoire du cyclisme par sa grande longévité au meilleur niveau mondial, longévité qu'il doit à sa constance et sa persévérance. Il aura notamment participé 16 fois au Tour de France, sans jamais abandonner, en détenant le plus grand nombre de 2ème place : 6! A ce titre, il éclipse largement Poupou. Mais, ce qui est plus intéressant, c'est si on pondère les 10 premiers du classement entre 1970 et 1986 en leur attribuant un poids de 1 à 10 à raison inverse de leur position, on constate que Zoetemelk surclasse tous ses rivaux, en laissant loin derrière lui Merckx et Hinault, ces deux géants qui l'ont pourtant maintenu dans l'ombre pendant toute sa carrière et pour lesquels il gardera un respect et une admiration inébranlable ! Nul doute que sans eux ,pourtant, c'est bien lui qui aurait été dans la lumière!

Outre le Tour de France, dont il fut vainqueur en 1980,

- en 1968, il remporte la médaille d'or aux JO de Mexico dans l'épreuve de 100 km,

- en 1969, il est vainqueur du Tour de l'Avenir,

- en 74, 75 et 79, il remporte Paris-Nice,

- en 77 et 79, il remporte Paris-Tours,

- en 1979, il remporte la Vuelta,

- en 1985, à 39 ans, au soir de sa carrière professionnelle, il remporte les championnats du Monde après de nombreuses participations avec des places d'honneur.

S'il fut souvent critiqué au sein du peloton par son opportunisme et ses victoires sans panache, sa discrétion et sa modestie n'enlèvent rien à ce très beau palmarès dont très peu de cyclistes peuvent se vanter.

- Archive INA de sa victoire au Puy de Dôme en 1976.

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Sa monture (réplique) lors de sa victoire sur la Grande Boucle en 1980 : un Ti-Raleigh avec une fourche et un cadre en Reynolds 531, équipement Campagnolo Super-record, roues à boyaux Nisi pour un poids de 9,5 kg.

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- Bernard Hinault (1954 - ) - surnommé "le blaireau" pour son caractère de Breton bien trempé, est sans aucun doute le nom de champion français qui nous vient le premier à l'esprit et pour cause, c'est le cycliste français le plus titré et le dernier à avoir ramené le maillot jaune sur les Champs Élysées, il y a maintenant plus de 30 ans!

A son palmarès, rien moins que 5 Tours de France (78-79-81-82-85), 3 Giro, 2 Vuelta, dont :

- 1 doublé Vuelta-TdF en 78,

- 2 doublés Giro-TdF en 82 et 85,

un titre de champion de France sur route en 78 et champion du monde en 80, de mêmes que de grandes classiques telles que Paris-Roubaix en 81 ou encore Liège-Bastogne-Liège en 1980 qu'il termina dans des conditions dantesques. Cette course constitue pour lui l'une de ses plus belles victoires bien qu'elle lui laissât des séquelles à 2 doigts d'une main en raison du froid.

Coureur complet, il ramena successivement tous les maillots à Paris et marqua incontestablement le tour par son panache!

La vidéo INA d'un contre-la-montre décisif pour sa victoire finale dans le Tour de 1978

La vidéo INA où il récupère le maillot jaune à l'issue d'un autre contre-la-montre du Tour 78

La vidéo INA de sa victoire aux championnats du monde en 1980

La vidéo INA de sa victoire au Paris-Roubaix de 1981

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Le milieu des années 80 vit la seconde grande révolution technologique du vélo avec l'arrivée des pédales automatiques, des cadres en fibres de carbone et, pour les contre-la-montre, des roues lenticulaires et des prolongateurs.

C'est sous l'essor de l'homme d'affaires Bernard Tapie que l'entreprise française Look adapta la technologie des fixations de ski aux pédales de vélo. C'est encore Look, sous la même impulsion, qui développa le cadre en composite et fit se généraliser l'emploi du carbone dans le peloton. 

Après avoir commencé en 75-77 avec Gitane, puis Renault-Elf-Gitane jusqu'en 83, Hinault eut les mains libres grâce à Bernard Tapie pour créer l'équipe "La vie Claire" où il fut équipé par Look de 1984 à 1986.

Directement inspirés des technologies de l'aviation, les vélos et la position de B. Hinault étaient étudiés en soufflerie.

- Son vélo Gitane restauré de 1981 et celui profilé de 1982 (cadre en tubes Reynolds 731, transmission Campagnolo Super Record 53/45 - 6v (7v pour le profilé : 13/14/15/16/17/18/19), jantes Mavic, boyaux Servizio Corse pour un poids de 8,5 kg)

- une réplique de son vélo Look de contre-la-montre de 1986 (cadre Reynolds conçus dans les côtes d'Armor, transmission Campagnolo Super Record 53/45 - 6v, roue arrière "paraculaire", jantes Mavic à boyaux pour un poids d'environ 10 kg)

Hinault-blaireau


Greg LeMond (1961 - ) - surnommé "le Ricain" pour être le premier vainqueur de la Grande boucle issu du nouveau continent - doit aussi sa popularité à son franc parlé et à ses prises de positions vis-à-vis de champions soupçonnés de dopage. 

Très jeune, il découvre son potentiel pour le cyclisme qui lui valent le titre de champion des États-Unis chez les juniors 3 années de suite (77, 78 et 79).

En 1982, il remporte le Tour de l'Avenir et finit 2ème aux championnats du Monde dont il remporte le titre l'année suivante.

Alors qu'il a été recruté par Guimard chez Renault-Gitane comme équiper de Hinault et Fignon, il remporte le maillot de meilleur jeune sur le Tour de 1984.

En 1985, Bernard Tapie lui propose un contrat d'un montant record dans le monde du cyclisme ($1.000.000 + $1/pédale Look vendue - royalties qui ne seront jamais versés...) pour intégrer sa nouvelle équipe "La vie claire" aux côtés de Bernard Hinault. LeMond aidera Hinault à gagner son 3ème Giro et son 5ème Tour même si, pour celui-ci, il aurait été en mesure de l'emporter s'il n'avait pas été contraint d'aider son leader, affaibli par une chute. Alors qu'en 86, le contrat "moral" entre les 2 hommes était de jouer, cette fois, la victoire de LeMond, Hinault déclara finalement, que si LeMond voulait la victoire, il devait la mériter... ce qu'il fera à Superbagnères, en profitant d'une défaillance du blaireau. Finalement, Tapie voudra remettre de l'ordre dans son équipe en demandant aux deux hommes de finir main dans la main en haut de l'Alpe d'Huez, ce qu'il feront après avoir mis en déroute tous leurs adversaires. LeMond endossera alors le maillot jaune jusqu'à Paris.

En avril 87, un accident de chasse le tient éloigné des pelotons pendant 2 ans.

Sur le Tour de 89 il n'aura de cesse de disputer le maillot jaune à Fignon. Accusant 50 secondes de retard avant le dernier contre-la-montre Versailles-Paris, il parviendra, à raison de près de 2,4 s de moins que Fignon par km pour une vitesse moyenne de 54,55 km/h, à emporter la victoire de 8 petites secondes, soit le plus petit écart de l'histoire du Tour, mais aussi la plus grande vitesse moyenne dans un CLM à l'époque!

Un mois plus tard, il remporte son 2ème titre mondial et l'année suivante, sa 3ème victoire sur le Tour.

Les années suivantes sont écrasées par le règne irrésistible de Miguel Indurain. LeMond est également affaibli physiquement par la maladie provoquée par la présence de plomb dans son organisme des suites de son accident.

Contrairement à la plupart des autres champions de cette page, LeMond n'a pas fait preuve d'une très grande régularité dans ses courses, mais plus souvent d'opportunisme. Il montrait également peu de rigueur dans sa préparation.

Arrivée à l'Alpe d'Huez en 1986.

L'excellent documentaire qui revient sur le tour de 1986 où l'on découvre toute l’ambiguïté du caractère d'Hinault et l'enfer qu'a dû vivre Lemond en ayant un adversaire dans sa propre équipe, enivré par le désir de tout un peuple de voir celui-ci briguer un 6ème titre !

Archive INA de l'arrivée (à suspens) du tour 1989 

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LeMond a favorisé la seconde révolution technologique dans le vélo : guidon de triathlète dans le contre-la-montre (alors encore interdit par l'UCI), compteur, cadres en carbone ou en titane...

Son vélo du contre-la-montre de 1989 : Cadre Bottecchia en tubes Columbus SLX, roues Mavic 650 à l'avant et 700 à l'arrière , braquet de 54x12 (préfigurant le monstrueux 55x11 que montera un certain Jan Üllrich à Nantes où il perdit ses chances de gagner le tour de 2003 en chutant sous pluie)!

Sa monture (réplique) de 1990 : cadre intégral en fibre de carbone-Kevlar TVT, transmission Campagnolo Record (42/52 -7v), cintre Scott, pédales Look en magnésium pour un poids de 9,5 kg.

lemond1989


Sean Kelly (1956 - ) - surnommé "Le roi des classiques" - est issu d'une famille de paysans irlandais. Les travaux de la ferme auxquels il a été formés dès le plus jeune âge l'ont doté d'un solide corpulence. La légende veut qu'à l'adolescence, c'est l'envie d'aller voir les filles qui l'amène à parcourir régulièrement de longues distances en vélo. Dès les premières courses locales d'amateurs, il se révèle très vite imbattable, en particulier en conditions difficiles et en sprint.

Il vient en France pour devenir professionnel en 1977, mais ses premières expériences d'équipier ne lui donnent pas grande satisfaction. C'est en 1982 qu'il sort véritablement de l'ombre en remportant son premier Paris-Nice, le classement par points au Tour de France et en finissant 3ème aux championnats du monde. Il récidivera l'année suivant pour le Paris-Nice et le Tour.

Au total, il remportera :

- 7 fois d'affilée le Paris-Nice devant de grands champions, notamment son compatriote Stephen Roche

- 4 fois le maillot vert aux Tours de 82, 83, 85 et 89

- 1 fois la Vuelta (1988)

- 2 fois la médaille de Bronze aux championnats du monde (82 et 89)

- et 11 classiques (qui lui valurent son surnom)!

Un palmarès qui marquera les esprits à tel point qu'enfant, quand on voulait en découdre sur un vélo à cette époque, l'expression à la mode était "de se prendre pour Sean Kelly"!

Il restera aussi celui qui aura dynamisé la popularité des courses cyclistes dans le monde anglo-saxon et ré-introduit, après Tom Simpson, ce bel accent dans les pelotons du Tour!

- Archive INA du Paris-Roubaix de 1984

- Archives INA 1 et 2 du Paris-Roubaix de 1986

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Sa monture (restaurée) de 1982 : Cadre Vitus en Duralinox 979 (alliage d'alu) équipé d'un groupe Campagnolo Super-record (42/53 x 13/14/15/16/17/18) avec des jantes Mavic et des moyeux Campagnolo.

Sa monture (restaurée) du Paris-Nice de 1988 : cadre Vitus en Carbone-Kevlar, fourche en alu 979, équipements Mavic pour un poids de 8,3 kg.

On notera, sur ces vélos, que Sean Kelly était resté réfractaire à l'usage des pédales auto!

sean-kelly


- Thierry Marie (1963 - ) - surnommé "le Viking" - a certes un palmarès moins glorieux que les coureurs précédents mais a fait preuve d'un incroyable audace et d'une résistance exceptionnelle lors de son échappée victorieuse de 234 km (la 2ème plus longue de l'histoire du Tour), au cours de l'étape Arras - Le Havre sur le Tour de France de 1991. Il endossera à l'arrivée le maillot jaune sous les acclamations d'une foule qui l'aura d'ailleurs porté, par ses encouragements, tout au long de l'étape. C'est le 3ème Normand de notre série, un homme simple et courageux.

Thierry Marie, né dans le Calvados et vivant aujourd'hui dans l'Eure aura a son palmarès un victoire au Paris-Roubaix amateur de 1984 puis sera recruté chez les pros par Cyrille Guimard. Pendant sa carrière pros, ce spécialiste des prologues contre-la-montre comptera 6 victoires d'étapes sur la Grande Boucle, une au Giro et une autre sur la Vuelta.

Il détient également le record de victoires du Duo Normand (85-87-88)

- Archive INA résumant son échappée en 1991

- Archive INA de sa victoire au sprint à Tours en 1992

- interview de Thierry Marie à Barentin en 2012

- sa biographie dans le Paris-Normandie

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Les années 90 ont vu l'apparition du casque (dont les vidéos ci-dessus montrent les premières versions d'une esthétique discutable...), des rayons plats, mais surtout des dérailleurs du Japonais Shimano qui vont peu à peu conquérir une part importante du marché chez les pro jusqu'à présent très attachés à l'Italien Campagonolo. Shimano va conquérir sa place par sa très grande fiabilité mais également par deux innovations révolutionnaires : l'indexation des vitesses (SIS) puis les commandes au guidon.

Shimano innovera encore dans les années 90 avec la création des étriers de frein à tirage latéral à double-pivot, principe permettant de garantir un meilleur centrage dans la durée tout en accroissant la puissance du freinage.

Les années 90 sont également les années où l'on verra apparaître (et disparaître) les cadres en aluminium, tels que les Giant de la Once de Laurent Jalabert.

Il s'agira aussi du règne de l'oreillette reléguant au passé de belles échappées victorieuses, le cycliste n'ayant plus l'initiative mais étant davantage cantonné à l'exécution des ordres de son Directeur sportif, aux dépens du spectacle! Plus trivialement, le cycliste se parera de cuissards et maillots synthétiques, légers, respirant et élastiques mais également d'accessoires de mode telles que les lunettes aérodynamiques et ultra-légères... assez loin des Ray-ban de Fausto Coppi, mais qui, là encore, étaient dans l'air du temps.

- La monture de Thierry Marie en 1991 (identique à cette version restaurée du vélo de L. Fignon, dans son équipe Castorama) : Vélo Raleigh avec cadre et fourche Vitus en aluminum fabriqué par A. Sablière, équipement Shimano Dura-Ace SIS, 53/42 8v (12-23), pédale Look pour un poids de 8,9 kg.

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Miguel Indurain (1964 - ) - surnommé "l'extra-terrestre" - doit sa célébrité au fait d'avoir été le premier coureur à gagner le Tour de France 5 années consécutives (91-92-93-94-95), et d'avoir réalisé 2 doublés Giro - Grande Boucle 2 années consécutives (92-93). En ce début des années 90, il préfigure les futurs athlètes qui ne cesseront de nous interroger par leur performances hors norme et qu'autorisera ce nouveau produit miracle, alors indétectable : l'EPO. 

Toutefois, Indurain n'aura jamais été contrôlé positif, même si ses prises de positions vis-à-vis de coureurs dopés (Armstrong, notamment) laissent planer un doute sur sa propre intégrité.

D'un physique plutôt imposant pour un cycliste (1m88 pour 80 kg), il possède néanmoins des qualités physiologiques indispensables pour un grand champion comme les avaient Anquetil, Merckx et Hinault : un pouls très bas (28 par minute), une grande capacité respiratoire (8 L) et de très long fémurs. Mais le plus étonnant, c'est la puissance développée par ce coureur (plus de 500 W en moyenne sur certaines étapes), la plus grande jusqu'alors dans l'histoire du Tour et qui ne fut dépassée que par une poignée de cyclistes depuis, tous convaincus de dopage. [On se souvient du record de l'heure de Merckx, où ce dernier développa, en 1972, environ 450 W en 1 h au prix d'efforts qui le poussèrent à ses plus extrêmes limites...].

Cette puissance permet à Indurain de gravir les côtes en restant sur sa selle mais surtout de remporter le Tour grâce aux épreuves de contre-la-montre où il dépasse, dans tous les sens du terme, ses adversaires! L'avance ainsi acquise lui permet de ne pas avoir à attaquer lors des étapes en ligne mais de défendre sans trop d'inquiétude.

Issu d'un milieu modeste, Indurain sera un champion qui se caractérisera pas sa grande réserve, sa timidité, sa modestie et sa gentillesse.

Outre ses victoires sur les grands tours, il comptera aussi à son palmarès :

- 2 victoires au Paris-Nice (89-90),

- une médaille de bronze au championnat du monde sur route en 91,

- 2 médailles d'argent aux championnats du monde sur route en 93 et 95.

- un record de l'heure ("meilleure performance dans l'heure") en 94 (53,040 km) qu'il remporta sur son Pinarello Espada en carbone monobloc, conçu, en soufflerie, par un designer de Lamborghini (braquet de 49x14, et boyaux en coton gonflés à 14 bars, pour un puissance moyenne développée d'environ 470 W!),

-  un titre de champion du monde du contre-la-montre en 95,

- un titre de champion olympique du contre-la-montre en 96.

- Son portrait en 1992 (Archive INA)

- son portrait après sa 5ème victoire (Archive INA)

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Son vélo restauré de 1991 : un vélo Razesa avec cadre et fourche en Reynolds 531, équipement Campagnolo C Record (54/42x8v), roues à jantes à boyaux Ambrosio pour un poids de 10,5 kg.

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- Graeme Obree (1965 - ) - surnommé "l’Écossais volant" - doit sa renommée au fait d'avoir battu, en 1993, le record de l'heure de Francisco Moser vieux de 8 ans, en étant amateur et surtout en ayant construit sa propre machine avec du matériel de récupération! En plus de cet exploit, il aura trouvé une position originale inspirée des skieurs alpins, qui, indépendamment de l'avantage aérodynamique, lui aura procuré un gain de 60 W par rapport à une position classique.

Il récidive l'année suivante en améliorant son record!

Il est champion du monde de poursuite de 1993 et 1995.

Mais le plus intéressant est sans aucun doute la personnalité de cet homme qui a d'abord pratiqué le vélo pour échapper à ses troubles maniaco-dépressifs et s'est fixé, seul, cet objectif du record de l'heure sans chercher à savoir s'il disposait des moyens physiques et financiers pour l'atteindre.

Adepte de l'effort solitaire, il assura lui-même sa préparation physique pour ses épreuves! Il ne poursuivra pas dans le milieu professionnel, resta loin des projecteurs, et ne pu tirer de gains financiers de ces exploits et inventions.

- Vidéo des épreuves finales du championnat de Poursuite de 1993

- vidéo de son record de l'heure de 1994

- vidéo retraçant la rivalité entre Chris Boardman et Graeme Obree, le premier ayant battu le record de 1993 du second seulement 6 jours plus tard ! La vidéo permet de voir notamment Graeme Obree concevoir et fabriquer son propre vélo.

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Le vélo du record surnommé "Old Faithful" (vieux fidèle) : il correspond à la conception idéale du vélo de contre-la-montre selon Graeme Obree. Une géométrie plus ramassée, un axe de pédalier beaucoup plus court, (utilisant à cette fin des roulements de son lave-linge), un cadre pour lequel il recycla ses tubes de BMX en les renforçant par des bras de tambour de lave-linge. Les tubes utilisés pour le cadre et le cintre sont des Reynolds 653 et des tubes Ishiwata. La fourche est asymétrique comme on peut le voir sur la photo. Les semelles des chaussures étaient soudés aux pédales (pour éviter les déclampages intempestifs) et la selle était à la même hauteur que le guidon lequel ne disposait pas de potence. Les roues sont des Specialized à 3 bâtons. Le braquet est un 52x12 pour un poids total d'un peu plus de 11 kg (!) soit nettement supérieur aux vélos habituellement utilisés dans cette discipline depuis plusieurs décennies (le double de celui de Merckx).

Obree


- Tony Martin (1985 - ) - surnommé "Panzerwagen" est aujourd'hui encore le spécialiste incontesté du contre-la-montre et l'un des meilleurs rouleurs du monde.

Capable d'emmener des braquets démentiels (58x12), il se distingue par sa puissance, sa résistance et sa régularité comme l'illustre son palmarès : 

- quadruple champion du monde de contre-la-montre (2011-2012-2013-2016)

- triple champion de monde de contre-la-montre par équipe (2012-2013-2016)

- vainqueur du Paris-Nice (2011) et de 5 étapes du Tour de France dont une en 2014 à Mulhouse où il glanera en même temps le maillot à pois (!) et une autre à Cambrai en 2015 où il endossera le maillot jaune pour le garder 3 jours jusqu'à une chute fatidique dans le dernier kilomètre de la 6ème étape où une fracture de la clavicule le conduira à l'abandon).

- Vidéo INA de sa victoire à Cambrai en 2015

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Sur le plan technique, les années 2000 n'auront pas été révolutionnaires, si ce n'est la généralisation du carbone (cadre, fourche, manivelles, cintre, jantes, selle...) et l'usage de la céramique pour les roulements, pour accroître les gains en légèreté, en rigidité et en aérodynamisme. 

On verra également apparaître les plateaux elliptiques, qui, s'ils permettent paradoxalement de "pédaler plus rond" en emmenant plus de chaîne dans la zone "morte" entre chaque demi-rotation, n'auront pas fait l'unanimité dans le peloton.

La mondialisation a, quant à elle, très largement délocalisé la fabrication en Asie (Taïwan pour certains cadres hauts de gamme et la Chine pour le reste... sachant que 20 ans plus tôt, les vélos français étaient encore entièrement fabriqués en France...)

Plus accessoirement, on verra également apparaître, dans les années 2010, les capteurs de puissance dans le pédalier, les dérailleurs électriques et les freins à disques qui sont encore loin de faire l'unanimité dans le peloton (même si, mécaniquement, on peut concevoir un certain  gain en termes d'efforts sur le cadre, de torsion dans la roue, mais également l'absence d'échauffement des jantes en carbone. Les différences de vitesses de freinage au sein du peloton auront été à l'origine de nombreuses chutes. Quant à la durée nécessaire au changement de roue sur crevaison, là encore, l'étrier se paie au prix fort...)

Ajoutons également que même si l'invention date déjà de quelques décennies (archive INA de 1979), le dopage mécanique est apparu dans le peloton en remplacement (ou complément?) des transfusions sanguines... Voir cette vidéo de Stade 2 de 2016.

La monture de Tony Martin dans le contre-la-montre Bergerac-Périgueux du Tour de France de 2014 : un Specialized Shiv TT préparé par Guido Scheeren, avec un cadre S-works étudié en soufflerie (détail), un plateau Quarq de 58 dents et une cassette SRAM 11-28. Roue Zipp lenticulaire à l'arrière, jantes Zipp 808 de 82 mm à l'avant, toutes deux montées avec des boyaux de 24 mm pour un poids total de 8,8 kg. (prix public du cadre ~ 4 000€)

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Peter Sagan (1990 - ) - surnommé "Terminator", pour sa force physique qui met ses montures à rude épreuve - est sans aucun doute le cycliste en activité le plus titré, avec notamment :

- un titre de champion du monde junior de VTT cross-country en 2008,

- 2ème du Paris-Roubaix junior en 2008,

- 3 titres de champions du monde (2015, 2016, 2017) et le seul dans l'histoire à avoir remporté ces titres 3 années de suite,

- 6 fois vainqueurs du classement par points du Tour de France (2012, 2013, 2014, 2015, 2016, 2018 et 2019) et prix du plus combattif en 2016,

- vainqueur du Paris-Roubaix 2018

- vainqueur du Tour  des Flandres en 2016

- vainqueur de Gand-Welvegem en 2013, 2016 et 2018.

Excellent sprinteur, il égale le record du nombre de classements par points détenu jusqu'alors par l'Allemand Erik Zabel.

Doté d'une personnalité hors du commun, maniant l'humour, l'auto-dérision, l'ironie avec plus ou moins de finesse et sachant se mettre en scène, le plaisir qu'il prend sur son vélo reste toujours très communicatif. Peter Sagan sait montrer une grande intelligence de course et beaucoup de ruse pour emporter la victoire, même quand il faut prendre des risques pour lui ou pour les autres, comme ce fut le cas à l'issue de la 4ème étape du Tour de France 2017 où la chute de Cavandish qu'il a provoqué lui aura coûté son exclusion cette année là.

- Sa première victoire sur une étape du Tour de France en 2012 (Archive INA)

- Son portrait vidéo par France Télévision en 2017

- un résumé vidéo des derniers km de Paris-Roubaix 2018

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Après avoir collaboré pendant la première partie de sa carrière pro avec Canondale, Peter Sagan est devenu la figure de proue de la compagnie californienne Specialized à qui il doit donc une partie de sa fortune personnelle. Les vélos avec lesquels il courait le Tour de France en 2018 sont des Specialized S-Works Venge "Edition Peter Sagan", conçus pour être encore plus rapides que le Shiv TT grâce au profil optimisé de leur cadre! Les roues sont des Roval CLX50 Rapide à roulements céramiques, la transmission est Shimano Dura-Ace électrique avec 54/42 à l'avant et 11 vitesses (11-25) à l'arrière. Les freins sont à disques, et malgré tout cela, le poids est de 7,1 kg!

Pour les amateurs, le même type de vélo est accessible à la vente au particulier, moyennant toutefois un tarif dépassant 10 000 €...

peter-sagan


- Mathieu Van der Poel (1995 - ) - surnommé "VDP" dès ses premières victoires - est le petit-fils de Raymond Poulidor.

Malgré son jeune âge, son palmarès est des plus impressionnants :

- Champion des Pays-Bas de cyclo-cross de 2015 à 2020,

- Champion des Pays-Bas de Cross-Country et de cyclisme sur route en 2018, 

- Victorieux de l'Amstel-Gold-Race en 2019,

- Champion d'Europe de Cross-Country en 2019,

- Champion d'Europe de Cyclo-cross de 2017 à 2019

- Champion du Monde de Cyclo-cross en 2015 et 2019!

Dès ses plus jeunes années, il a aimé toujours repousser ses limites dans la discipline du Cyclo-cross qu'il dit "correspondre à sa nature", en travaillant, la puissance, la technique et enfin le mental, 3 facteurs qu'il faut, selon lui, allier pour gagner une course.

Il bénéficie également d'un très bon capital génétique par son père néerlandais, lui aussi champion du monde de cyclo-cross en 1996 et de classiques flandriennes, et naturellement, de son grand-père maternel!

Pour 2020, son objectif principal est le VTT avec l'Or Olympique en Cross Country et les Championnats du Monde.

Il nous réserve encore sans doute de grandes surprises!

Son portrait par Daniel Mangeas.

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Son vélo de cyclo-cross de 2019 : un Canyon Inflite CF SLX avec un cadre compact en carbone facilitant les relances et une géométrie assez ouverte facilitant les portés sur l'épaule. Côté transmission, 2 plateaux de 39 et 46 et une cassette 11-28, le tout animé d'un dérailleur Di-2. Les manivelles sont courtes pour passer les dévers (172,5 mm). Elles sont équipées de pédales shimano XTR. Côté freinage, il s'agit de freins Dura-Ace à disques de 140 mm. Les roues dont des DShimano Dura-Ace C60 montées avec avec boyaux Dugast fabriqués à la main, en 33 mm de section. L'ensemble fait un poids total de seulement 7,5 kg!

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Les légendes en devenir...


- Benoît Cosnefroy (1995 - ) est le 4ème Normand de cette série de portraits, le plus proche des Pieux, puisqu'originaire de la commune Rauville-la-bigot, à 10km!

Passé Pro en 2016 dans l'équipe AG2R, après avoir collectionné les places de deuxième, Benoît s'est distingué en 2017 en remportant coup sur coup le Grand Prix d'Isbergues et les Championnats du monde Espoirs à Bergen!

En 2018, il fait 3ème à Paris-Tour.

En 2019, il confirme tout son potentiel en remportant notamment :

- le tour du Limousin,

- Paris-Camembert,

- la Polynormande.

Coureur régulier doté d'une grande intelligence de course, il reste animé par le plaisir de rouler.

Après avoir frôlé la mort lors d'une chute en descente au Tour des Pays de Savoie en 2015 en ayant percuté en véhicule à contre-sens, il garde aujourd'hui une très grande lucidité et une grande combattivité qui en font, avec son optimisme naturel, ses grands atouts pour réussir!

C'est tout ce que nous lui souhaitons!

- Un extrait vidéo de France Télévision sur sa victoire aux Championnats du Monde

- l'intégralité vidéo du final des Mondiaux

- Son portrait vidéo par AG2R.

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Son vélo en 2017 : Un FACTOR O2 équipé d'un cadre et d'une fourche RGI Carbon, un pédalier SRM 53/39, un dérailleur  av/ar Shimano Dura-ace Di2, des roues Mavic Cosmic Carbon roulements céramiques, pour un poids plume de 6,34 kg! (prix public du cadre : 5000 €, prix du vélo ~11 000 €)

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- Guillaume Martin (1993 - ) est le 5ème Normand de notre série.

Originaire de La Boderie, dans l'Orne, sa personnalité est hors du commun, car il parvient à allier dans une même pratique, le vélo et la philo! Cet intellectuel qui a soutenu son Master sur Nietzsche écoute "Les Chemins de la Philosophie" de France Culture à l'entraînement! Dès le plus jeune âge, il a cherché à se dépasser. Aujourd'hui, développant plutôt ses talents dans les côtes, il a su l'illustrer récemment en remportant le Tour de Toscane en 2017!

Dans sa carrière en amateur, outre de nombreux podiums, il se classe 10ème au Championnat d'Europe Junior en 2011 après avoir beaucoup oeuvré pour la victoire d'un autre Ornais : Pierre-Henri Lecuisinier.

En 2015, il remporte Liège-Bastognes-Liège Espoirs et remporte une étape du Tour de l'Avenir.

Il passe professionnel la même année.

Sur la Grande Boucle, jeune leader de son équipe Wanty-Groupe Gobert, il finira 23ème en 2017, 21ème en 2018 et 12ème en 2019.

Cette même année, il finit

-  2ème au Tour de Sicile,

- 3ème sur le Tour du Limousin.

En 2020, dans l'équipe Cofidis, il finit 3ème du Critérium du Dauphiné.On lui souhaite encore de très beaux succès!

- Son beau portrait par France Culture "Le corps en tête".

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Sa monture de 2017 : un Cube Litening C:68 (élu vélo de l'année 2017 par le magazine Le Cycle).

Cadre monocoque carbone C 68 Advanced Twin Mold Technology, Groupe Complet Shimano Dura-Ace Di-2 ([52-36] x[11-28]), roues Fulcrum Racing 44 Aero, roulements céramiques,  pour un poids de 7,1 kg (prix public : 6000 €).

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Mathilde Gros (1999 - ) est le tout nouveau phénomène du cyclisme sur piste!

Ayant rencontré le cyclisme par hasard alors qu'elle se destinait au basket, elle se dit qu'elle pourrait utiliser sa puissance pour atteindre plus rapidement, grâce au vélo, la compétion internationale. Très bon calcul, puisqu'elle remporte en quelques mois le titre de championne de France junior alors qu'elle n'est que cadette!

Plus tard, après avoir remporté tous les titres possibles en championnat de France, elle obtient de le titre de vice-championne d'Europe Espoirs alors qu'elle est encore junior!

Elle améliore des records du monde juniors des 200 et 500m.

Au total, elle s'est déjà arrogé 

- 16 titres de championne de France dans toutes les épreuves de sprint sur piste

- 8 titres de championne d'Europe (200 m, vitesse et Keirin)

- 3 titres de championne du monde junior dans les 3 disciplines.

... et tout cela à moins de 20 ans!...

- Son interview en 2017 par l'INSEP

- Sa victoire en 2018 au championnat d'Europe de Keirin (Eurosport)

... et pour le plaisir, un extrait de "Rue des Prairies" (1959) de Denys de la Patellière avec J. Gabin.

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Son vélo de 2016 : un Look R96 intégralement en carbone et fabriqué en France, avec pédalier monobloc à structure creuse placé à gauche (pour des gains d'inertie compte tenu du sens de rotation sur piste), un braquet de 48x14, des roues 4 bâtons/lenticulaires Corima en carbone à boyaux pour un poids de 7,4 kg (prix public, sans les roues : 7000€, avec les roues ~10 000 €).

Mathilde-Gros


Les légendes inusables...


- Jeannie Longo (1958 - ) - surnommée "la mamie du peloton" pour son extraordinaire longévité au plus haut niveau - détient le palmarès le plus impressionnant du cyclisme féminin mondial :

- 59 fois championne de France (piste, route, cyclo-cross, VTT),

- 13 fois championne du Monde (piste, route)

- Championne olympique de course en ligne en 1996,

- 3 fois vainqueur du Tour de France (87-88-89),

- 38 records du monde,

- 3 records de l'heure (86, 87, 89) et 2 meilleures performances dans l'heure.

sans compter ses victoires sur les courses à étapes et un nombre de podiums qui donne le vertige...

Elle compte un total de 1157 victoires et tout ça, en "simple" licenciée, sans jamais avoir été professionnelle! Mieux que Merckx!

Se destinant d'abord au ski, comme Greg LeMond, elle découvre le vélo en s'entretenant l'été. Prenant conscience de son potentiel, elle décide de s'y consacrer entièrement dès l'âge de 20 ans en 1978 pour une carrière couronnée de nombreux de succès dont certains inégalés à ce jour. Elle doit notamment sa longévité à l'extrême rigueur de ses entraînements dirigés par son mari et à son alimentation.

- Archive INA de sa victoire aux Championnats du Monde de 1987

- Archive INA de sa victoire au Championnat du Monde de contre-la-montre de 2001

- Documentaire radiophonique "une vie à vélo" diffusé sur France Culture le 07/01/2018.

- Court reportage sur la considération des femmes dans le Tour de France.

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Sa monture (authentique) de son record de l'heure en 1989 à Mexico (46,352 km) : un cadre Vitus en acier, manivelles en Dural, plateau Stronglight de 53 dents, pignon de 16 dents pour un poids total de 7,3 kg.

Jeannie+Longo


Daniel Laveau (1949 - ) - surnommé "l'ogre normand", pour sa quantité impressionnante de victoires - montre une longévité dans le peloton comparable à Jeannie Longo. C'est le 6ème et dernier normand de notre série de portraits.

Cycliste professionnel entre 1973 et 1982, il détient également un beau palmarès en tant qu'amateur.

Parmi ses 862 victoires, on compte notamment :

- 2 Tours de la Manche (1974 et 1980),

- 1 Tour de Normandie (1982),

- 1 Titre de champion du Monde sur route Master 3 (2008).

Il compte également de beaux podiums :

- 2ème de la Route de France (1972),

- 3ème du Duo Normand (1985).

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Sa monture (sur la photo) : un Cannondale Hi-Mod SuperSix, roues zipp 404 en Carbone pour un poids d'à peine 6.5 kg (prix public ~6000€)

daniel-leveau


Les grandes "voix" du tour

Dès le début du Tour, les journalistes tentaient de réaliser des interviews au départ et à l'arrivée des étapes et de prendre quelques photos dans les zones de contrôle. On se souvient d'Albert Londres qui parvient, en 1924, avec un certain opportunisme, à retrouver les frères Pélissiers au Café de la Gare de Coutances qui viennent d'abandonner et lui expliquent "marcher à la dynamite"! Un scoop, déjà précurseur sur le dopage et qui contribua à dynamiter les ventes du Petit Parisien et renforcer le mythe autour des coureurs du Tour de France.

C'est pour la première fois sur le Tour de 1952 que les cameramen de l'ORTF suivent les coureurs tout au long des étapes, avec un résumé à la fin de chaque journée.

A partir de 1954 et pendant 27 tours, Antoine Blondin occupera une des voitures suiveuses de l'Equipe pour le bonheur d'un lectorat amoureux de ses bons mots. (voir cette archive INA de 1970 où il regrette le tournant moderne du Tour et pressent les futurs exploits d'Ocaña). Si l'on devait retenir deux aphorismes représentatifs de l'esprit d'Antoine Blondin, on peut retenir celui associé à la première victoire au sprint de Rudi Altig (qui finira en vert à Paris) et qui lui fit intituler sa chronique "Un Rudi vert s'annonce". Ou encore, celle caractérisant sa principale activité extra-journalistique : "l'argent liquide est fait pour être bu"!

Avec l'arrivée du "direct" en 1958 et le direct sur motos en 1962, le téléspectateur pourra réellement prendre part à la course et se désintéressera progressivement de la presse écrite. L'organisation de l'ORTF sur le Tour de France est explicitée dans cette archive INA de 1967. on y pressent les grands défis techniques qui seront relevé 2 ans plus tard pour relayer en direct, dans toute la France, les premiers pas d'un homme sur la Lune!

- Robert Chapatte (1921-1997) - surnommé "Chapatte de velour" -, est un ancien coureur cycliste (pro de 1944 à 1954) qui participa notamment à 5 Tours de France. Il se reconvertit ensuite dans le journalisme sportif à partir de 1955 et intègre rapidement l'ORTF. A partir de 1975, il rejoint la télévision où il sera à l'origine et le premier présentateur de l'émission Stade 2. Il aura, pendant toute sa carrière, commenté un très grand nombre de Tours de France et interviewé de très nombreux coureurs dont les palmarès n'avaient aucun secret pour lui. Il est également à l'origine d'une théorie selon laquelle un échappé n'a une chance de l'emporter que s'il se présente à 10 km de l'arrivée avec au moins 1 minute d'avance sur ses poursuivants! Son étonnante capacité de citer tous les coureurs dans l'ordre d'arrivée d'un sprint massif, sa voix et son franc parlé, toujours respectueux de la langue française, resteront dans toutes les mémoires.

- Vidéo INA d'un reportage qu'il avait réalisé sur le "doping" en 1962" (après vous saurez que les "fortifiants", ce n'est pas la même chose que les "stimulants"... tout est une question de vocabulaire... et de dose aussi, sans doute)

André Pouce, personnage du monde parisien dans les années 40, donnait la description de son cocktail avant d'entrée en piste : "un pouce de pommade de cocaïne à 25% dans l'oigne, 1g de strychnine dans un thé bien dilué et une fléchette d'amphé". Aujourd'hui, la recette est sans doute moins artisanale et plus contrôlée pour rester sous les écrans radars...

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- Jean-Paul Ollivier (1944 - ) - surnommé "Paulo la science" -, est un journaliste rentré en 1964 comme "grand reporter" à l'ORTF puis qui rejoint Stade 2, dès sa création en 1975, aux côtés de Robert Chapatte, Léon Zitrone, Roger Couderc et Thierry Roland. Dans les années 80 et 90, il sera reporter à moto sur le Tour de France avant de rejoindre la cabine des commentateurs à partir de 2001 jusqu'à sa retraite en 2014. Incollable aussi bien sur l'histoire du Tour que sur l'Histoire en général, il restera, pour très longtemps une figure emblématique du Tour à la télévision. 

- Archive INA où il évoque le Tour de 1964

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- Daniel Mangeas (1949 - ) - surnommé "la Voix du Tour" - est commentateur de courses cyclistes depuis ses 16 ans. Repéré dans son village par le directeur adjoint du Tour de France en 1974, il sera nommé à partir de 1976 speaker officiel du Tour de France, fonction qu'il exercera jusqu'en 2014. Aujourd'hui, ce Manchois qui adore sa région pour y avoir d'ailleurs créé, en 1980,  la Polynormande, exerce toujours sa fonction de commentateur sur toutes les courses cyclistes du calendrier! Sa connaissance du palmarès des coureurs reste sans égal.

- Son très beau portrait par le Point (6 vidéos) 


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Enfin, sur cette très belle vidéo "A chacun son tour" de Arte-LaSept, on pourra voir de rares archives, notamment d'émouvants enregistrements audio d'un spectateur du départ de la 1ère édition du tour, d'Henri Desgranges, de très rares images filmées d'Ottavio Bottecchia, des frères Pélissier, de Leduc...mais aussi les larmes de Darrigade en 1956 et celle de Walko, qui vient de s'éteindre et qui a souffert toute sa vie qu'on n'associe à sa victoire qu'un effet d'aubaine et non la valeur de son effort.

Enfin, on peut chaudement recommander le documentaire "Les étapes de la Gloire" de 1976 accessible moyennant une somme modique sur le site de l'INA. On y verra notamment de très grands champions revenir sur leurs succès avec de belles images d'archives.